Le canal de la Robine à Narbonne est frappé par un arrêté préfectoral qui interdit la consommation et la commercialisation des poissons d’eau douce toutes catégories suite à la présence de PCB dans ce cours d’eau.
Pour comprendre le risque, il faut savoir de quoi on parle, en fait :
Qu’est-ce que les PCB?
Les PCB (ou PolyChloroBiphényles) et PCT (PolyChloroTerphényles) sont des dérivés chimiques chlorés, plus connus en France sous le nom de pyralènes. Depuis les années 1930, les PCB étaient utilisés dans l’industrie pour leurs qualités d’isolation électrique, de lubrification et de d’ininflammabilité. On les retrouvait comme isolants dans les transformateurs électriques et les condensateurs, comme lubrifiants dans les turbines et les pompes ou comme composants d’huiles, de soudures, d’adhésifs, de peintures et de papiers autocopiants.
Quels dangers présentent-ils?
Les PCB, très solubles dans les graisses, s’accumulent dans les tissus graisseux tout au long de la chaîne alimentaire. L’homme se contamine par l’ingestion d’animaux ou de produits d’origine animale, notamment le lait, les œufs et les poissons, contaminés par le PCB.
Si une exposition accidentelle de courte durée aux PCB n’a pas de conséquence grave, une exposition à forte dose peut entraîner des irritations de la peau (chloracné), des infections hépatiques ou neurologiques, des bronchites chroniques, des maux de tête, des vertiges, des dépressions, des troubles de la mémoire et du sommeil, de la nervosité et de la fatigue, et de l’impuissance. Ces troubles sont, pour certains, réversibles. Plus graves : les PCB sont également cancérigènes et ont des effets sur le foie, la fertilité et la croissance.
C’est pourquoi, depuis 1987, ces substances ne sont plus ni produites ni utilisées dans la fabrication d’appareils en Europe.
Pourquoi trouve-t-on des PCB dans les eaux ?
Les PCB persistent dans l’environnement à cause de leur très lente décomposition naturelle et sont peu solubles dans l’eau. Ils se sont donc accumulés progressivement dans les sols et les sédiments.
Par le passé, une mauvaise appréhension des risques présentés par ces substances et des déversements accidentels ont conduit à en rejeter dans l’environnement en quantité mal connue.
Aujourd’hui encore, certaines installations soumises à réglementation peuvent rejeter des émissions de PCB dans l’eau même si c’est en quantités faibles et contrôlées. Par ailleurs, les déversements sauvages d’appareils contenant des PCB (actes de vandalisme sur les transformateurs par exemple) ou, plus ponctuellement, le lessivage des sols pollués aux PCB restent encore des sources d’émission dans l’eau.
La surveillance des PCB dans les sédiments permet d’établir, via les réseaux de suivi nationaux, une première cartographie de l’intensité de la contamination. Trois bassins hydrologiques sont particulièrement concernés : Artois-Picardie, Rhône-Méditerranée et Seine-Normandie.
Peut-on continuer à manger du poisson pêché en eau douce?
Les poissons sont un des maillons de la chaîne alimentaire où chaque animal transmet à un autre les polluants qu’il a pu ingérer et qui ainsi se concentrent un peu plus à chaque fois dans leur chair.
L’Union européenne a adopté les normes recommandées par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) de concentrations maximales admissibles en PCB dans les poissons destinés à la consommation humaine. Le dépassement de ces normes peut conduire localement, à des interdictions de consommation de poissons, par arrêtés préfectoraux.
Source : site du ministère de l’Ecologie et plan national de décontamination et d’élimination des appareils contenant des PCB et PCT approuvé par arrêté du 26 février 2003.
Pourquoi il n’y a pas de signalétique pour informer les pêcheurs ?
TCNA a interpellé les pouvoirs publics sur l’absence d’information le long des berges de la Robine sur les risques que représentent la consommation de ces poissons. Aux Etats-Unis, mais aussi en France, certains cours d’eau présentant les mêmes risques sont équipés de panneaux de signalisation indiquant le risque PCB.TCNA demande qu’il en soit de même pour la Robine et ses affluents.