Le 7 juin 2021, une fuite de poudre d’uranium s’est produite dans le hall de dépotage d’une citerne d’uranium naturel, dans les installations de « conversion » d’Orano à Pierrelatte.
Les citernes de transport utilisées entre les sites Orano de Malvési et de Pierrelatte sont dotées de bouchons d’évent, qui sont fermés à Malvési avant expédition. Au titre des procédures liées au transport des substances radioactives, un contrôle des citernes est effectué avant l’expédition. à réception, un autre contrôle est mené sur ces citernes sur le site de Pierrelatte avant les opérations de dépotage, qui sont effectuées dans un hall confiné.
Le 7 juin, les équipes de Pierrelatte ne se sont pas aperçues, lors des contrôles, que la chainette retenant le bouchon de l’évent d’une citerne contenant de l’uranium naturel sous forme solide s’était partiellement insérée, lors de sa fermeture à Malvési, entre le bord inférieur du bouchon et le bord de l’ouverture, provoquant une inétanchéité. Lors de la montée en pression de la citerne pour son dépotage, une dispersion de poudre s’est produite, ce qui a entraîné le déclenchement de l’alarme de la balise de surveillance atmosphérique du hall. Les équipes n’ont cependant pas immédiatement suspendu le dépotage car cette balise avait provoqué des alarmes intempestives les fois précédentes. Une fois la dispersion de poudre identifiée, les opérations ont été suspendues, la citerne a été mise dans une configuration sure et des opérations d’assainissement du hall et de la citerne ont été engagées.
Cet événement n’a pas eu de conséquence sur les installations, les personnes et l’environnement. Toutefois, la gestion de l’événement sur le site a connu quelques écarts ou retards, traduisant des défauts de culture de sûreté. Sur proposition de l’exploitant, cet événement a donc été classé au niveau 1 de l’échelle INES.
Ce communiqué qui a l‘avantage de rendre public (si on va quotidiennement sur le site de l’ASN) un incident qui souligne l’insuffisance de la sureté de la gestion d’ORANO dans son activité dans le cycle du combustible, comporte aussi quelques insuffisances : il n’est rien dit du contrôle lors du chargement des citernes ni sur l’étanchéité du système de fermeture; quid de la contamination possible des ouvriers ? Plus encore, il n’est pas souligné comment un comportement humain, par insuffisance de conscience du risque (on nous rebat les oreilles qu’il est nul) peut entrainer des catastrophes comme l’accident WIPP aux US : en effet l’histoire de l’alarme non prise en compte est édifiante « Bah, elle sonne tout le temps ! » mais parfois c’est peut-être la bonne.
Cet incident souligne que la probabilité du risque est bien présente à Malvesi, et nous savons que dans le cas du nucléaire le danger est bien présent à plus ou moins long terme. Enfin rappelons que l’uranium bien que « naturel » n’en est pas moins radioactif et chimiquement toxique.
Pour TCNA.
Dr Mariette Gerber
Chercheur Honoraire INSERM
Expert ANSES
Membre de TCNA