Salsigne : mine d’or et d’horreur

Si le massif de la Montagne noire dans l’Aude ressemble à un pays de cocagne, les apparences cachent une réalité bien plus sombre : la mine de Salsigne au coeur de ce massif a entraîné une pollution extrêmement dangereuse de la région à base d’arsenic.

Il existe peu de malédictions aussi cruelle que celle d’avoir un sous-sol riche. Découvrir une mine, si cela est bien souvent synonyme d’emplois et d’activité pour la région, cela veut aussi dire pollution. Et une pollution grave, qui perdure alors même que la mine est refermée, et même en partie oubliée. Telle est l’étonnante conclusion à laquelle aboutit la journaliste à l’Express Alexandra Saviana, au terme d’une enquête passionnante. Cette enquête, on peut la retrouver dans son ouvrage L’or de la montagne noire (Ed. JC Lattès), ouvrage dans lequel elle exhume les secrets de la mine de Salsigne, située dans le pays audois. 

La montagne noire de Salsigne 

La mine de Salsigne est située dans le massif de la Montagne noire, dans le département de l’Aude. Si son nom vous évoque quelque chose, c’est que la pollution de cette zone fut mise en lumière lors des inondations de 2018 : à cette occasion, les torrents pollués de l’Orbiel, une rivière affluente de l’Aude, ont envahi les terres et jardins des riverains, entraînant un intoxication de certains individus à l’arsenic. 

En 2018, l’épisode a été tellement important qu’il a causé une quinzaine de morts et surtout il a fait remonter à la surface toute une pollution centenaire qui est la pollution de la mine. On a retrouvé dans des aires de jeux dans les villages alentours (…) des taux de plomb, d’arsenic, de mercure faramineux. Alexandra Saviana, journaliste 

Pour comprendre comment de telle substances se sont retrouvées dans les jardins et aires de jeux en 2018, il faut s’intéresser de près à l’activité de la mine de Salsigne au siècle précédent. Tout au long du XXe siècle en effet, des sociétés exploitantes se sont succédées pour extraire de la mine de l’or et de l’arsenic, entraînant une diffusion de substances extrêmement dangereuses pour la santé. 

L’inaction de l’Etat mis en cause 

Et au-delà de la pollution des sols, l’extraction de l’arsenic a causé de nombreux problèmes de santé aux mineurs qui travaillaient à Salsigne pendant ses années d’activité. 

Les syndicalistes signalent que de plus en plus d’ouvriers ont des cancers de la gorge, du larynx, de l’estomac, rien n’est fait. (…). Jusqu’à ce qu’ils fassent venir un scientifique qui s’appelle Henri Pézerat (…) qui au cours d’un travail de longue haleine avec sa compagne Annie Thébaud-Mony va finir par faire reconnaître en 1997 que les cancers du larynx et que les cancers bronchiques sont provoqués par l’arsenic. Alexandra Saviana, journaliste 

Ce qui interpelle la journaliste Alexandra Saviana, c’est l’inertie de l’État face à ce problème de santé publique, alors même que l’Etat fut engagé un temps dans la gestion de l’activité minière, à travers la BRGM (Bureau de recherches géologiques et minières). 

L’Etat est doublement responsable dans cette histoire parce qu’il y a en effet toute la gestion de l’après-mine mais il y a aussi de la mine en activité. L’Etat savait parfaitement parce qu’il y avait des remontées des spécialistes et des ouvriers eux-mêmes, que la mine était toxique, et rien n’a été fait. Alexandra Saviana, journaliste 

Aujourd’hui encore, si la préfecture et l’Agence Régionale de Santé reconnaissent la pollution de la zone et mènent certaines opérations de prévention, aucune étude n’a été commandée par les puissances publiques pour établir les conséquences réelles de la pollution de la mine de Salsigne sur la santé des habitants de la région. 

Source originale:

https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/superfail/salsigne-mine-d-or-et-d-horreur-7878796

Podcast

Plus d’informations: Association les Gratte-papiers

Pour en savoir plus sur Salsigne et ses déchets : ” L’or de la Montagne Noire, un scandale sanitaire français” par la journaliste audoise Alexandra SAVIANA aux éditions Jean-Claude Lattès.