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Retour aux USA…

“En tant que scientifique, spécialisé en chimie et génie chimique, il me semble que la solution proposée présente le meilleur bilan coût/avantage au regard des impacts environnementaux et des technologies existantes (…) Je pense que le procédé THOR est un procédé robuste et fiable. Le procédé THOR est déjà en fonctionnement sur plusieurs sites aux USA, il donne satisfaction et il est recommandé par le département de l’énergie des États-Unis, le procédé THOR ne produit pas d’effluents liquides à disperser dans l’environnement, le procédé THOR présente bien sûr des émissions de gaz qui peuvent entraîner une augmentation des émissions globales mais elles sont contenues au mieux”. Jean-Claude Bernier, professeur émérite de l’université de Strasbourg (L’Indépendant 18/10/2017)

Une approximation parmi tant d’autres du professeur Bernier publiée dans le rapport d’expertise commandé par le préfet Thirion, préfet de l’Aude de l’époque. 

Contrairement à l’affirmation du professeur Bernier, le Département de l’énergie des Etats-Unis est loin de recommander le procédé THOR (2), en témoigne le rapport du GAO (1) que TCNA a pu se procurer !

Depuis le début de notre association, TCNA (5) Narbonne joue le rôle de lanceur d’alerte, et va chercher l’information là où elle se trouve, pour rappel nous avons été les premiers à investiguer aux USA (Tennessee/Idaho).

Fidèle à notre mission d’informer, nous souhaitons vous donner des nouvelles concernant le procédé IWTU (Integrated Waste Treatment Unit) du laboratoire national de l’Idaho (INL), un centre prépondérant de recherche nucléaire durant la seconde guerre mondiale et la guerre froide.

Nous suivons régulièrement les nouvelles en provenance d’Idaho Falls car Orano souhaite mettre en œuvre à Narbonne le même procédé sous l’acronyme TDN pour “Traitement Des Nitrates”.

Les dernières informations qui nous parviennent des USA, sont, comme à l’accoutumé, faussement encourageantes….

Voilà quinze ans maintenant que l’IWTU est censé traiter les 900 000 gallons (3400 m3) de boues nitratées radioactives stockées actuellement dans trois cuves de 300 000 gallons chacune.

Pour rappel, à Narbonne, on parle de 350 000 m3 de boues liquides nitratées radioactives soit cent fois plus !

Ces cuves sont vieillissantes, et il devient urgent de traiter ces effluents qui risquent à tous moments de s’écouler dans une des plus vastes nappes phréatiques des Etats-Unis qui alimente en eau potable plusieurs millions d’américains, la Snake RIver.

Depuis 2007, l’unité IWTU n’a jamais réussi à démarrer, accumulant retards, problèmes mécaniques, colmatages, explosion de l’enveloppe budgétaire (1 milliard de dollars), changements de « contractants » (entreprises de R&D chargées de construire et de faire fonctionner l’unité de traitement). Une vraie gageure !

Le nouveau groupement d’entreprises dénommé la coalition environnementale de l’Idaho (IEC),  a promis une mise en service de l’unité pour l’automne 2022, mais une fois de plus, un délai supplémentaire est requis avant d’introduire l’effluent radioactif, dernière phase avant la mise en production du procédé industriel (prévue pour Décembre 2022). Une rupture d’approvisionnement en azote liquide a entrainé un retard sur le planning initial.

Pour le moment, les ingénieurs ont réalisé les essais avec un simulant non radioactif de même consistance, afin de tester la capacité du four à produire des billes solides sèches chargées de capturer et de concentrer la radioactivité présente dans les boues liquides nitratées radioactives.

Cette fameuse radioactivité doit obligatoirement être captée par la matrice solide, au risque de se retrouver dans les fumées rejetées par la cheminée de TDN et donc dans l’atmosphère des narbonnais…

Actuellement, les ingénieurs testeraient différents types de filtres HEPA afin d’obtenir les meilleurs résultats en terme de récupération des radionucléides dans les vapeurs… mais comment font ils pour obtenir des résultats valides  puisque les boues actuelles ne sont pas radioactives ? 

Autre difficulté, le stockage de ces billes solidifiées, au départ, Orano souhaitait les stocker dans l’ancienne mine de soufre à proximité de l’usine, mais l’IRSN a refusé, et c’est un centre de type CIGEO à BURE qui devra les accueillir.

Pour rappel, une fois que le système IWTU fonctionnera en conditions réelles, il sera extrêmement compliqué d’intervenir en cas de panne, et c’est un vrai casse-tête pour les ingénieurs qui sont obligés de développer des robots en mesure d’intervenir en lieu et place de l’être humain dans un environnement extrêmement radioactif.

L’état de l’Idaho a régulièrement infligé au DOE (Département de l’Energie Américain) des pénalités pour les retards de mise en service de l’unité (3), avec le surcoût, la facture s’élève à 1 milliard de dollars pour le contribuable américain. 

En Août 2022, les ingénieurs de la nouvelle coalition en charge de la R&D du projet ont réussi à traiter 137 000 gallons (environ 520 mètres cubes) en 62 jours, un record selon Joe Giebel, ingénieur en chef de la coalition environnementale de l’Idaho (IEC), en charge du projet.

Un simple calcul nous permet de dire qu’à ce rythme, TDN à Narbonne devra fonctionner environ 114 ans sans s’arrêter pour venir à boues des bassins de Malvési (350 000 m3 x 520/62) = 41766 jours soit 114 ans.

Les conclusions de l’enquête publique menée en 2017 par le professeur Bernier n’ont jamais pris en compte les éléments provenant des USA, cependant il ne pouvait pas faire l’impasse sur les difficultés bien connues à Idaho Falls puisque celles-ci durent depuis 15 ans et sont bien documentées sur internet (en anglais bien entendu)…On peut donc légitimement se poser la question des raisons qui ont poussé le professeur Bernier a ne jamais faire mention de l’IWTU dans ses conclusions ?

Avait il toutes les compétences scientifiques requises pour mener à bien cette expertise ? Pourquoi avoir donné un avis favorable alors que quelques recherches sur internet lui auraient permis au mieux de conclure le contraire, à minima d’émettre des réserves sur l’opportunité d’un tel procédé ? Il est tout aussi surprenant que l’association ECCLA qui siège au CODERST et qui est bien au fait de ces sujets, n’ait pas tiré la sonnette d’alarme ! Ces lacunes posent la question suivante: ne faut il pas élargir le nombre de membres siégeant au CODERST avec un collège “associatif” où plusieurs associations environnementales locales pourraient prendre part aux débats ?

L’IRSN qui avait pris comme base 40 ans d’exploitation (4) dans sa méthode de calcul pour l’impact sanitaire va devoir également revoir sa copie et notamment avec une durée approximative de 114 ans, et cela, sans compter sur le plan technique avec les indisponibilités du système, et sur le plan sanitaire, avec le fameux effet cocktail…

A l’heure où nous écrivons cet article (Octobre 2022), les ingénieurs américains les plus compétents n’ont toujours pas pu alimenter et tester en conditions réelles le fonctionnement de l’unité IWTU/ THOR qui fera très prochainement l’objet d’un prochain article technique très détaillé sur notre site internet

 

Sources de l’article:

(1) Le Government Accountability Office est l’organisme d’audit, d’évaluation et d’investigation du Congrès des États-Unis chargé du contrôle des comptes publics du budget fédéral des États-Unis.

TRADUCTION COMPLETE DU RAPPORT du G.A.O

 (2) THOR (Thermal Organic Reduction)

(3)https://www.exchangemonitor.com/idaho-continues-to-fine-doe-as-waste-treatment-unit-nears-operation/?printmode=1

(4)https://www.gazettenucleaire.org/2018/287/le-procede-thor-a-malvesi-pour-le-traitement-des-nitrates-tdn.html

(5) Transparence des Canaux de la Narbonnaise

 

Illustration: Le système de stockage d’azote liquide IWTU sur le site du laboratoire national de l’Idaho du DOE. (Photo: DOE)








 

tcna

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